Professeur de mathématiques à mi-temps au lycée Stéphane Hessel à Jolimont, Pierre Priouret vient de ramasser les copies du Bac dans la salle de classe où il a surveillé les épreuves. Le reste de sa semaine, il la consacre à son syndicat, le SNES, dont il est le co-secrétaire depuis 2012. Au Journal Toulousain maintenant de lui faire passer l’oral. Épreuve : l’actualité locale.
Le rôle des syndicats aujourd’hui
La première mission est d’être le porte-parole de considérations qui ne sont pas relayées par les partis politiques. Le travail représente toute une vie pour beaucoup et les conditions dans lesquelles il est effectué sont rarement un sujet de réflexion pour les politiciens. Pour cela, un rassemblement derrière des positions qui représentent la volonté de la majorité des salariés est nécessaire. De leur côté, les actifs se syndiquent pour accéder à des informations que l’administration ne leur confie pas ou être alertés sur des décisions ministérielles. Ils viennent également y trouver une défense de leurs droits. Malheureusement, l’idée que l’on peut mieux y parvenir ensemble que seul, recule, le collectif se dilue et les politiques déconsidèrent les syndicats, ce qui explique pourquoi les salariés se syndiquent moins. Je pense qu’il est aujourd’hui nécessaire d’envisager ces organisations à l’échelle européenne, car c’est là que les décisions sont prises.
Le nom de la région
La méthode de vote choisie par Carole Delga était celle de Condorcet (l’unique vainqueur est le nom qui, comparé à tous les autres est à chaque fois le préféré, NDLR) mais il n’a de sens que si l’on connait l’intégralité des résultats et ce n’est pas le cas. Pour moi, Occitanie est la pire option, car on ne peut pas définir une région par une langue, cela éveillerait trop de rivalités identitaires avec les Catalans. Si, comme je l’ai entendu, c’est Languedoc-Pyrénées, qui l’emporte au final, car le vote n’était que consultatif, il s’agit d’une erreur, car le Languedoc ne couvre pas toute la région et qu’il fait référence à l’ancien régime, dont il me semble que nous avions tourné la page. Je suis partisan d’un choix géographique et j’ai donc voté Pyrénées-Méditerranée. Mais tout ceci n’est qu’une manipulation de l’Europe pour affaiblir les États souverains en les divisant en régions fortes, en les faisant exploser de l’intérieur. Pendant que les régions prennent de plus en plus de prérogatives, l’État s’affaiblit.
Le retour d’une TV locale à Toulouse
Personnellement, je ne ressens pas de manque à l’absence d’une télé locale ! Je ne regardais pas TLT et je ne connais personne qui en était un assidu. Mais, effectivement, il existe sûrement le besoin d’un média télévisuel qui traite de l’actualité locale, même si j’ai du mal à imaginer une diffusion de sujets locaux 24h/24h, les idées vont vite manquées. Je crains cependant que les politiques s’en emparent et qu’il apparaisse un mélange des genres. Si elle est financée par les collectivités locales, comme c’était le cas pour TLT, il y aura une confusion entre le rôle d’un média et celui d’un support de communication. Une télé qui assurerait la promotion du maire, très peu pour moi ! Une participation de l’argent public ne me semble pas judicieuse. Ou alors, il conviendra d’imaginer un format type LCP (la chaîne parlementaire) qui rendrait compte de ce qui se passe dans nos assemblées locales.
Les femmes entrepreneurs
Il est aujourd’hui encore difficile pour une femme de devenir chef d’entreprise, d’abord parce qu’elles souffrent toujours de l’inégalité femme/homme mais aussi parce qu’elle s’autocensure. Depuis toute petite, la société les a conditionnées et elles subissent une pression sociale que je n’avais pas mesuré avant d’avoir des enfants. La plupart des catalogues de jouets leur expliquent, au plus jeune âge, que les serpillères et les tables à repasser leur sont destinés et que leur place est à la maison pour s’occuper des enfants. D’ailleurs, j’observe avec mes élèves, que les filles reviennent de plus en plus à des idées traditionalistes où la famille et les enfants sont une priorité, loin devant une carrière professionnelle qui n’est pourtant pas incompatible. Elles n’envisagent pas de se sacrifier pour leur métier ou leur entreprise. Pour y remédier, il faudrait, dès la crèche, ne pas regarder différemment un garçon d’une fille, et continuer à le faire toute la vie, car les gens doivent être jugés pour leurs compétences, hors du spectre du genre.
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