Une nouvelle fois réunis sur les marches du Palais de Justice de Toulouse, les avocats protestent contre l’utilisation de l’article 49.3 pour l’adoption du projet de loi de réforme des retraites. Déterminés à défendre leur régime spécifique, ils poursuivent leur mouvement de grève.
Les avocats se sont une nouvelle fois donné rendez-vous sur les marches du Palais de Justice de Toulouse, ce mardi 3 mars. Après l’annonce par le Premier ministre de l’utilisation de l’article 49 alinéa 3 de la Constitution dans le débat parlementaire sur la réforme des retraites, ils lui signifient leur « totale insatisfaction » à propos de « cette adoption forcée du texte qui ne retient pas les spécificités de la profession d’avocat ». Et ils reconduisent leur grève, qui vise à défendre leur régime autonome : « Les avocats disposent, depuis les années 1930, d’un système qui gère à la fois leurs retraites de base et complémentaire, un cas unique en France. Et nous ne devons pas trop mal nous en sortir, puisque nous sommes excédentaires… Au point que nous reversons aux autres une centaine de millions d’euros par an », expose Bruno Blanquer, président de la Conférence des bâtonniers du grand Sud-Ouest.
La réforme voulue par le gouvernement prévoit donc d’intégrer le régime des avocats au système universel : « C’est une façon de mettre la main sur nos réserves, de deux milliards d’euros, et sur nos excédents annuels. Nos pensions baisseront et nos charges augmenteront : nous perdons sur tous les tableaux », résume le président.
Entré dans sa neuvième semaine, le mouvement unitaire des 164 barreaux français est sans précédent. « Pendant toute la durée de la pseudo concertation menée par le fugace ministre Jean-Paul Delevoye, nous ne savions pas quel sort nous serait réservé. Nous n’avions eu aucun contact avec le gouvernement. Le seul moyen pour nous d’établir une discussion, a été de nous mettre en grève » justifie
Manuel Furet, le bâtonnier du barreau de Toulouse.
Mais aucun des contacts qui ont suivi avec la ministre de la Justice Nicole Belloubet n’a permis de faire avancer les choses et la détermination de la profession semble sans faille : « Nous savons que nous mettons nos cabinets en péril et que nous ne pourrons peut-être pas verser de salaires à la fin du mois. Mais beaucoup se disent “foutus pour foutus, on ira jusqu’au bout”. Nous sommes en guerre et nous avons la haine », déclare Isabelle Etesse, vice-bâtonnière du barreau de Pau.
En assemblée générale, les avocats ont décidé d’adapter leur mobilisation au calendrier de la réforme : « Il faudra souffler un peu pendant l’examen au sénat, afin d’être en mesure de remettre un coup de pression lorsque le texte reviendra à l’Assemblée Nationale. L’idée est de passer d’une grève dure à une grève qui dure », conclut le bâtonnier Bruno Blanquer.
Philippe Salvador
Philippe Salvador a été reporter radio pendant quinze ans, à Toulouse et à Paris, pour Sud Radio, Radio France, RTL, RMC et BFM Business. Après avoir été correspondant de BFMTV à Marseille, il est revenu à Toulouse pour cofonder le magazine Boudu.
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