5 000 procès-verbaux pour non-respect du confinement, une délinquance en baisse mais des violences intrafamiliales et des conflits de voisinage exacerbés. Les services de l’État et les forces de l’ordre font le point sur la situation après trois semaines de confinement.
La délinquance en chute pendant le confinement, sauf pour les violences intrafamiliales © RamaPrès de 5 000 procès verbaux ont été dressés pour défaut d’autorisation de déplacement dérogatoire, sur l’agglomération toulousaine, depuis de le début du confinement, le 17 mars dernier. Un chiffre rassurant pour les services de l’État et les forces de l’ordre. « Nous avons constaté quelques moments de relâchement, mais globalement le confinement est de mieux en mieux respecté, y compris dans les quartiers prioritaires de la ville », se félicite Etienne Guyot, le préfet de Haute-Garonne et d’Occitanie. Celui-ci se réjouit également que les Toulousains aient respecté l’interdiction de départs en vacances. « Aujourd’hui, nous recensons 150 verbalisations par jour contre 400 lors de la deuxième semaine. Soit 2 ou 3 % des personnes contrôlées », précise le général Jacques Plays, commandant de la gendarmerie d’Occitanie.
Si les forces de l’ordre relèvent encore quelques entorses, celles-ci sont très minoritaires. Dix dossiers ont ainsi été instruits pour récidive, une situation qui constitue un délit depuis le 21 mars dernier. Trois personnes sont déjà passées en comparution immédiate et ont écopé de peines de prison. Avec sursis pour deux d’entre elles, et ferme pour la dernière. « Ce sont principalement de jeunes gens d’environ 25 ans, plus inconscients que dangereux, qui n’ont pas pris la mesure des enjeux sanitaires », précise Dominique Alzéari, procureur de la République de Toulouse. Une situation qui ne nécessite donc pas l’instauration d’un couvre-feu, d’autant que la plupart des infractions sont constatées en fin de journée, avant la tombée de la nuit.
Depuis son instauration, le contrôle du confinement est la priorité des forces de l’ordre. 500 policiers et autant de gendarmes sont actuellement mobilisés, respectivement dans l’agglomération toulousaine et le département. Ces contingents ont été renforcés par des stagiaires issus des écoles de police et de gendarmerie et des compagnies mobiles. Au total, ce sont 60 à 70 patrouilles qui sillonnent quotidiennement la métropole. Dans le cadre de cette mission de surveillance, la police nationale a mis en service un drone, prêté par la police judiciaire. Un dispositif permettant de surveiller des zones moins accessibles qui a vocation à être pérennisé. Les services de police du département ayant d’ores et déjà prévu de s’équiper de leur propre appareil.
Sur les trois dernières semaines, la préfecture relève une diminution globale de la délinquance. Sur l’agglomération toulousaine, les cambriolages ont chuté de 41 % et les agressions aux personnes de 55 %. Le trafic de stupéfiants, l’une des luttes prioritaires à Toulouse depuis deux ans, est également en baisse significative. « En raison de l’amende de 135 euros qui dissuade les consommateurs de se déplacer mais également en raison de la difficulté d’approvisionnement », détaille Nathalie Tallevast, directrice du service régional de police judiciaire. Toutefois, pour s’adapter à la situation, certains dealers développent des systèmes de ”drive”, de commandes via les réseaux sociaux et de livraisons à domicile. Par ailleurs, les forces de police constatent l’émergence de vols d’opportunité (masques ou matériel médical) et d’une délinquance induite. Celle-ci se constitue principalement d’escroqueries sur Internet, de ventes sauvages de médicaments ou de remèdes miracles contre le Covid-19.
En revanche, les violences intrafamiliales et conjugales sont, elles, en significative augmentation en raison du confinement. De nombreux dispositifs ont d’ailleurs été mis en place par l’État et les collectivités : numéros d’appel gratuits (3919, 17, 114), plateforme gouvernementale, signalements en pharmacie… 38 personnes ont ainsi été placées en garde à vue et six comparutions immédiates ont eu lieu pour ce type de faits. Un chiffre minimisé par la difficulté des victimes à sortir pour déposer plainte. « Leur prise en charge continue d’être effective et l’éviction du conjoint violent est une priorité », ajoute Dominique Alzéari. De ce fait, le nombre d’appels aux services de la police a tout de même augmenté de 20 % malgré l’accalmie de la violence ordinaire. La faute, également, aux conflits de voisinage exacerbés par le confinement. « Essentiellement, des tapages et des différents entre voisins, sur fond d’alcool », précise Nelson Bouard, directeur départemental de la sécurité publique.
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