« Coup de force », « choix irresponsable », « acte scandaleux »… Les candidats aux municipales de Toulouse ne mâchent pas leurs mots suite à l’utilisation du 49-3 pour faire passer la réforme des retraites. Même Jean-Luc Moudenc évoque une « décision politique maladroite ». ©Richard Ying et Tangui Morlier
L’annonce samedi 29 février du Premier ministre Édouard Philippe d’utiliser l’article 49-3 pour faire adopter, sans vote, le projet de loi sur la réforme des retraites, est loin d’être passée inaperçue à Toulouse. Le soir même, un rassemblement spontané a eu lieu en centre-ville avant d’être dispersé à coups de grenades lacrymogènes par les forces de l’ordre.
Du côté des candidats aux municipales, les réactions n’ont pas tardé non plus. Sans surprise, c’est de la part des listes de gauche qu’elles sont les plus vives. À la tête de la liste Pour la cohésion, Pierre Cohen dénonce par exemple un « coup de force visant à imposer un projet injuste ». « Macron et son gouvernement malmènent le Parlement et s’en prennent frontalement à près de 60% de la population qui se prononce pour le retrait total de ce projet de loi », écrit-il dans un communiqué.
Estimant que la réforme « aura un impact direct auprès des Toulousains comme auprès de l’ensemble des agents de la collectivité » , il appelle toutes les listes de la gauche toulousaine à se mobiliser « contre les choix antidémocratiques de Macron et de ses soutiens, au premier rang desquels se trouve Jean Luc Moudenc ».
C’est par un tweet que Nadia Pellefigue s’est, elle, exprimée. « En utilisant le 49-3 la majorité LREM assume d’abîmer la solidarité entre les générations et de condamner les plus fragiles à une retraite indigne. Dans un pays en proie aux tensions, faire le choix du passage en force est irresponsable », juge la candidate de la liste Une nouvelle énergie pour Toulouse.
De son côté, Archipel Citoyen condamne « un acte scandaleux sur le plan démocratique ». Et met en parallèle la démarche du gouvernement et de « ses alliés Jean-Luc Moudenc et Jean-François Portarrieu (député LREM, en septième position sur la liste du maire sortant, ndlr) », avec l’ADN de son mouvement « bâti sûr la volonté de remettre le citoyen au cœur de la décision ».
Selon le collectif incarné par Antoine Maurice, si la politique nationale s’invite dans le débat local, c’est à cause de « l’attitude irresponsable du gouvernement Macron et de son obstination à vouloir passer coûte que coûte cette réforme avant les élections municipales ».
Justement peu enclin à se prononcer sur les sujets nationaux, Jean-Luc Moudenc, candidat à sa réélection avec la liste Aimer Toulouse a, pour une fois, dérogé à la règle. Soutenu officiellement par le parti d’Emmanuel Macron, La République en Marche, dont il compte plusieurs représentants dans son équipe, le maire sortant n’hésite pas pour autant à évoquer dans un post publié sur sa page Facebook personnelle une « décision politique maladroite, qui peut s’apparenter à un passage en force aux yeux des Françaises et des Français ».
« Certes, les mélenchonistes sont outranciers avec leurs milliers d’amendements sans valeur ajoutée, qui ne cherchent que l’obstruction. Toutefois, je pense qu’il faut toujours laisser le temps au dialogue et au débat », renchérit Jean-Luc Moudenc, qui se cite en exemple, rappelant, chiffres à l’appui, le temps de parole que ce dernier a accordé à l’opposition durant son mandat. Il regrette que le gouvernement « ne fasse pas preuve de la même patience ».
Si le débat n’est pas encore fini – les oppositions peuvent déposer une motion de censure qui doit être discutée dans les 48 heures à l’Assemblée nationale – le NPA 31 et sa liste Toulouse anticapitaliste appelle, lui, dès aujourd’hui, à manifester à Toulouse et partout ailleurs.
Commentaires