Afin de lutter contre les « rodéos urbains » ou les « débordements des cortèges festifs » pendant les mariages, la mairie de Toulouse vient d’étendre la vidéoverbalisation aux infractions à la circulation routière, sur l’ensemble du territoire de la ville.
« Rodéos urbains, runs sauvages, débordements de cortèges festifs ou mauvais comportements des professionnels à deux roues… » Emilion Esnault, adjoint au Maire de Toulouse en charge de la police municipale et de la bonne tenue de l’espace public fait la liste des « fléaux » ciblés par l’extension de la vidéoverbalisation, adoptée lors du conseil municipal du vendredi 22 octobre 2021.
Tout d’abord restreinte au centre-ville et à la chasse aux cas de stationnement gênant et très gênant, au moment de son déploiement en 2016, la vidéoverbalisation est désormais étendue aux infractions routières et à l’ensemble de la ville. Les policiers municipaux pourront donc s’appuyer sur la totalité des 454 caméras qui maille le territoire communal pour traquer les « incivilités à deux ou quatre roues » : franchissement de lignes blanches, circulation à contresens ou sur les voies de bus…
N’ayant pas vocation à garantir une verbalisation systématique et généralisée, l’extension de vidéoverbalisation est présentée, par la majorité municipale, comme un outil de répression ponctuel. « Nous voulons nous donner les moyens de déployer des missions ponctuelles de verbalisation par caméra à certains moments et dans certains lieux. Notamment afin d’apporter une réponse aux rodéos urbains et à certains mariages qui mettent un peu de zizanie », précise Emilion Esnault.
Un ciblage qui, selon l’opposition, relève d’une forme de discrimination inacceptable. « On parle évidemment des mariages de personnes qui ont des coutumes et des cultures différentes et qui font plus de bruit. Cela me rappelle quand la municipalité avait édité une charte des mariages pour interdire la musique. Par ailleurs, la délibération fait explicitement mention des “mauvais comportements des professionnels à deux roues”. Pourquoi faire cette distinction avec les autres usagers de la route et exposer des livreurs ubérisés et déjà pressurisés à une double peine », s’inquiète Isabelle Hardy, conseillère municipale au sein du groupe d’opposition Archipel Citoyen.
D’autre part, l’opposition s’est inquiétée de dévoiement du réseau de caméras urbaines et de la désertion de la police municipale sur le terrain. « Cet outil est normalement dédié à la protection des Toulousains. La rédaction de procès-verbaux va mobiliser des agents chargés de la surveillance de l’espace public et leur faire perdre du temps d’attention. Par ailleurs, il serait préférable de déployer des agents sur le terrain plutôt que derrière des caméras », relève Isabelle Hardy.
Des objections que balaye Emilion Esnault : « C’est la police municipale qui sera chargée de la verbalisation. Or, ce ne sont pas les mêmes agents qui effectuent la vigilance. De plus, nous augmenterons le nombre de personnels derrière les caméras. Notamment en y affectant les agents qui ne sont pas en condition d’aller en patrouille (agents légèrement blessés, NDLR) afin de ne pas nuire à notre impact sur le terrain. »
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