Chaque semaine depuis le début du reconfinement, l’artiste peintre Ankor offre une de ses œuvres, après l’avoir déposée dans une rue de Toulouse. Une démarche originale qui lui vaut un succès d’audience sur les réseaux sociaux et relance sa carrière.
Chaque dimanche, depuis le reconfinement, Ankor va déposer une de ses toiles dans une rue de Toulouse, pour l’offrir à quelqu’un. La première œuvre avait trouvé preneur au bout d’une heure et demi, et les suivantes, avenue de la Gloire, au Monument au Morts et près de l’Église de la Dalbade ont fait l’objet d’une véritable chasse au trésor sur Instagram. « La veille, je poste un indice sur le lieu où je placerai ma prochaine toile… Et les gens se prennent au jeu ! Ils adorent l’idée. Dans cette période d’isolement, ça leur fait une parenthèse ludique. C’est ce que je voulais : redonner un peu de joie et renouer des liens. » L’audience de cette artiste peintre toulousaine de 36 ans a ainsi fait un bond sur le réseau social et chacune de ses stories est particulièrement suivie.
Au-delà du jeu, se trouve la démarche d’une artiste qui cherche à diffuser son travail. Comme ses pairs, Ankor est privée de lieu d’exposition et peine à rencontrer son public durant la crise sanitaire. « Je voulais même abandonner, j’avais perdu la foi. Mais cette belle histoire me l’a redonnée. C’est la preuve qu’un geste désintéressé peut rapporter beaucoup. » Car, en plus de la notoriété, elle a reçu la commande d’une toile, la première depuis des mois. « Je sens que mon initiative a donné une valeur supplémentaire à mes tableaux ». Ceux-ci représentent des visages « déstructurés puis restructurés », à partir de morceaux d’images, découpés dans certains de ses précédents travaux ou dans des magazines. Ils montrent les clivages de notre société et cherchent à les atténuer. « C’est en acceptant la diversité que l’on pourra se réconcilier ».
L’autodidacte attend la fin du confinement avec impatience, sans pour autant se faire d’illusion. « Je veux qu’enfin la vie reprenne son cours et pouvoir exercer à nouveau mon métier normalement. Mais personne ne sait quand cela sera possible ni comment sera la vie d’après. Alors, en attendant, mon petit jeu se poursuit. Il me tient, me permet de continuer de créer. » Elle a lancé un appel afin que d’autres artistes déposent, eux aussi, leurs œuvres dans la rue. Et regrette qu’il n’ait pas encore eu d’échos. « J’aimerais tellement me balader, découvrir un tableau et, à mon tour, repartir avec ! »
Philippe Salvador
Philippe Salvador a été reporter radio pendant quinze ans, à Toulouse et à Paris, pour Sud Radio, Radio France, RTL, RMC et BFM Business. Après avoir été correspondant de BFMTV à Marseille, il est revenu à Toulouse pour cofonder le magazine Boudu.
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