Plusieurs géants de la grande distribution ont récemment annoncé leur choix de se passer des tickets de caisse en papier. A Toulouse comme ailleurs, le changement se fait avec plus ou moins d’enthousiasme de la part des clients.
C’est un petit geste les clients et commerçants adoptent au fur et à mesure : se passer du ticket de caisse. Ce sera surtout une obligation pour l’ensemble des commerces dans moins de deux ans.
Au 1er janvier 2023, l’article 49 du code de l’environnement prendra effet. Il prévoit la fin de plusieurs tickets devenus superflus à l’heure du tout numérique : les tickets de caisse dans tous types de commerces, les tickets d’automate, de carte bancaire, ainsi que les bons d’achats et les tickets de promotion.
Certains, comme Carrefour ou les magasins U, ont pris de l’avance. Les deux géants de l’agroalimentaire ont annoncé la fin du ticket de caisse dans leurs enseignes, dès les prochaines semaines. Les tickets seront désormais dématérialisés et disponibles uniquement en ligne, pour limiter le gaspillage. Carrefour estime d’ailleurs que 2 000 kilomètres de papier pourraient être économisés chaque année. En pratique, ce changement d’habitude n’est pourtant pas du goût de tout le monde.
Pour beaucoup d’acteurs de la grande distribution, le principal défi de cette réforme est d’y faire adhérer les plus de 60 ans, public le moins habitué aux nouvelles technologies.
Les magasins U se sont notamment lancés dans un changement au pas de course, en s’engageant à stopper totalement les tickets de caisse d’ici le 6 mai. Olivier, caissier dans une des enseignes de la banlieue toulousaine, en tire un bilan contrasté : « C’est mitigé pour l’instant. Les personnes âgées sont très réticentes au numérique. Elles ont leurs habitudes, et elles préfèrent faire leurs comptes à la maison avec leur ticket. »
Brigitte, responsable caisse à Auchan Launaguet, n’est pas encore concernée par le passage au numérique. Elle tire pourtant le même constat : « Les jeunes n’ont plus le réflexe du ticket de caisse aujourd’hui. Quand ils le font, c’est principalement pour les notes de frais. »
Pour les professionnels de la papeterie et notamment des bobines thermiques, ces papiers spéciaux utilisés aux caisses d’une grande majorité de commerces, le conflit de générations et une certaine méfiance quant aux circulations de données numériques pourraient jouer en faveur de ce bon vieux papier.
Jean-Marc Apperé, directeur du fabricant de papier Eco Spirale, veut rester optimiste : « On annonce la mort du ticket de caisse et plus globalement du papier depuis longtemps. Mais il y a la parole et les actes. On sera peut-être un peu groggy après la crise, mais je crois à une rémanence très forte du papier. » Selon lui, l’argument écologique, largement mis en avant par les marques pour justifier leurs choix, ne tient pas : « Ceux qui veulent absolument passer au tout numérique oublient qu’ils ne font que transférer un coût. Le ticket de caisse dématérialisé est envoyé par e-mail, qui peut être transféré, retransféré, etc… On sait que les e-mail polluent énormément, et au bout du compte, l’atout écologique du ticket numérique est pour moi très limité. »
Pour les petits commerces, le passage au tout numérique n’est pas vraiment la première des préoccupations. Mais la transition pourrait apporter son lot de bonnes surprises, comme l’explique Pierre Barbier, vendeur chez Golf Center à Seilh : « Nous allons forcément devoir y passer, je pense utiliser le mail. Ce n’est pas une mauvaise chose au final, cela nous permettra d’avoir toutes les adresses mails de nos clients, et de faciliter notre communication et nos offres promotionnelles. »
Mathieu Yerle
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