Afin d’optimiser la gestion du réseau de transports en commun à Toulouse, Tisséo va équiper la ligne de bus 19 d’un outil d’analyse des flux capable de détecter et tracer les téléphones portables des usagers. Anonyme et non intrusif, ce boîtier ne détectera que certains appareils.
Grâce à la borne permettant de valider votre titre de transport, Tisséo peut connaître le nombre de passagers qui grimpe à bord d’un bus et emprunte une ligne. Mais de nombreuses données, pourtant utiles à la gestion des flux et à l’organisation du réseau de transports, échappent à l’opérateur des transports en commun toulousain. Pour combler ce manque, Tisséo va installer sur la ligne 19 un dispositif expérimental, baptisé Flowly, qui détecte et trace, anonymement, les téléphones portables des usagers.
« En général on sait où et quand montent les passagers, mais on ignore où ils descendent et s’ils empruntent d’éventuelles correspondances. Grâce à la détection passive des téléphones portables, nous pouvons avoir une vision plus fine et en temps réel des déplacements », explique Julien Tenenbaum, le créateur de la société Flowly, spécialisée dans l’analyse des flux de voyageurs.
« C’est un outil qui peut s’avérer utile pour adapter l’offre en fonction de l’évolution des besoins et donner de l’information actualisée aux usagers. Pour le moment nous allons tester ce dispositif sur la ligne 19 avant de voir s’il est intéressant de déployer un système de ce genre sur l’ensemble du réseau », confirme Jean-Michel Lattes, président de Tisséo Collectivités. Une solution permise par les nouvelles technologies numériques mais qui pose des questions de droit et de respect de la vie privée.
« Nous avons développé notre solution en étroit partenariat avec la CNIL pour garantir un outil le moins intrusif possible et qui respecte strictement la loi », rassure Julien Tenenbaum. En effet, le boîtier Flowly ne peut détecter que les téléphones ayant activé leur connexion Bluetooth ou la Wifi. Le dispositif identifie alors l’adresse MAC du téléphone, une sorte de numéro d’immatriculation de l’appareil, et lui attribue un nouvel identifiant qui sert de pseudonyme, le temps de tracer l’usager. Au bout de six heures, une fois le déplacement terminé, toutes les données sont anonymisées de façon irréversible avant d’être agrégées dans des statistiques.
« Cela s’apparente au comptage routier réalisé en se basant sur les plaques d’immatriculations », compare Julien Tenebaum qui garantit que le boîtier n’a accès à aucune autre donnée comme le numéro de téléphone, le répertoire, le nom du propriétaire ou, par exemple, un historique de navigation. « Nous ne sommes pas là pour vendre de la publicité mais pour améliorer un service public », ajoute-t-il.
Par ailleurs, une campagne d’affichage informera les voyageurs du déploiement du dispositif dans les bus concernés et, surtout, leur rappellera leur droit d’opposition et d’accès aux données collectées. « Dans les réseaux où nous avons déjà déployé notre solution, nous constatons un taux de détection des passagers de 25 %. Cela paraît peu mais c’est suffisant pour nous permettre de faire des extrapolations », assure Julien Tenenbaum.
Dans un premier temps, à partir de la mi-août, la technologie Flowly sera déployée, à titre expérimental, sur les 10 bus de la ligne 19. « Nous avons choisi cette ligne car elle est particulièrement saturée et qu’elle dessert plusieurs sites scolaires. Cela implique des fortes variations de fréquentation et des pics à certaines heures. Par ailleurs, la ligne 19 a vocation à devenir une ligne Linéo, à haut niveau de service. Il est donc intéressant de connaître plus finement les besoins des usagers de ce tracé », précise Jean-Michel Lattes.
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