Le collectif La biscotte, qui réunit une cinquantaine d’habitants du quartier Fontaine-Lestang, se mobilise pour continuer à utiliser un terrain en friche appartenant à Toulouse Métropole Habitat. Depuis le premier confinement, le lieu est devenu un jardin collectif et un espace d’échanges.
Dans le quartier de Fontaine Lestang de Toulouse, en face de l’école Etienne Billières, un jardin collectif a poussé telle une herbe folle, durant le premier confinement. Presque spontanément, une cinquantaine d’habitants a investi un terrain en friche depuis dix ans pour y jardiner, mais pas que… « Alors que les déplacements étaient interdits, les gens ont trouvé là le moyen de se poser, de se rencontrer, de raffermir des liens et d’échanger. C’est un lieu d’autant plus nécessaire que le quartier bénéficie de peu d’équipements communs, de commerce ou de centre social », résume Jacques Dupont, membre du collectif. La parcelle, qui appartient à Toulouse Métropole Habitat, doit accueillir, en 2022, un chantier de construction de 49 logements sociaux, dont le permis n’a pas encore été délivré. « Nous demandons de pouvoir jouir du jardin jusqu’au début des travaux pour continuer à faire vivre la joie du partage et du jardinage sur ce bout de terrain », indique le collectif.
Or, l’objectif de Toulouse Métropole Habitat est tout autre. Il souhaite « sécuriser ce terrain et planter dès aujourd’hui des haies et des arbres qui permettront à la végétalisation d’être effective au moment de l’entrée des futurs habitants dans les logements ». Une situation de blocage qui a abouti, le 22 février dernier, à une échauffourée entre les ouvriers venus poser les clôtures et plusieurs membres de La Biscotte. Deux de ces derniers auraient été blessés, dont un hospitalisé pour un traumatisme crânien. « Il s’agissait d’une véritable agression. Comment Toulouse Métropole Habitat peut-elle se comporter ainsi, alors que, par ailleurs, elle prétend encourager au développement des jardins partagés ou collectifs ? », se demande Jacques Dupont. Le son de cloche est diamétralement opposé du côté de l’organisme public, qui a déposé une plainte : « La victimisation dont font preuve certains membres du collectif est particulièrement culottée, erronée et de mauvaise foi. Puisqu’un constat d’huissier en fait foi, il n’y a eu aucune violence de la part du personnel de l’entreprise mais au contraire de la part de membres du collectif ».
Alors qu’un dialogue avait été engagé avec l’organisme et une convention de mise à disposition du terrain envisagée, Jacques Dupont déplore aujourd’hui « de ne plus avoir aucune information de la part de Toulouse Métropole Habitat ». En retour, l’intéressé nous indique demeurer « ouvert à la discussion pourvu qu’elle puisse se dérouler dans le respect des règles et dans un climat de dialogue apaisé ».
Le collectif a également demandé sa position sur le sujet au maire de Toulouse, dans un courrier datant du 9 février, resté lettre morte. Jean-Luc Moudenc n’a pas répondu à notre demande d’interview sur le sujet. Désormais, le site est pour ainsi dire occupé, « surtout le matin ». « Il y a toujours quelqu’un qui vient jardiner ou soutenir la mobilisation », indique le membre de La biscotte, qui se prévaut du soutien de la majorité des habitants du quartier.
Mis à jour le 3 mars 2021
Commentaires
France Inter le 22/02/2025 à 20:49
Super article, merci!