En cette journée mondiale de lutte contre le sida, le collectif Toulouse action Sida déplore les conséquences déplorables que pourraient avoir la gestion de l’épidémie de Covid-19 sur le combat contre le VIH.
Une épidémie ne doit pas en cacher une autre. Tel est l’avertissement lancé aujourd’hui par le collectif Toulouse action Sida. « Les problématiques liées au VIH sont toujours présentes mais elles sont délaissés depuis un moment déjà par les pouvoirs publics. Nous craignons qu’avec l’épidémie de Covid-19, elles passent complètement à l’arrière plan », s’inquiète notamment Olivier Gazzera, président de Jules & Julie, association d’aide au jeunes LGBTQI, membre du collectif. Les faits sont déjà là. En France, le nombre de tests de dépistage réalisés a baissé de moitié depuis le début de la crise sanitaire et les délivrances de traitements préventifs contre le VIH ont, eux, diminué de 36%.
Et à Toulouse, les associations de terrain constatent jour après jour les conséquences délétères des mesures de confinement sur les personnes atteintes du Sida et celles qui sont le plus exposées au virus. A savoir, les femmes, les personnes LGBTQI, les travailleurs du sexe, les étrangers, les usagers de drogues, les personnes en situation de handicap, celles vivant à la rue, les détenus et de manière générale les plus précaires. Réduction ou arrêt temporaire des permanences et des services sanitaires et sociaux, fermeture des lieux de convivialité… « Nos communautés se retrouvent isolées et perdent parfois quasi tout lien social pourtant indispensable à l’équilibre et à la santé mentale de chacun », écrit le collectif Toulouse action Sida.
Surtout, celui-ci déplore les conséquences directes de la lutte contre l’épidémie de Covid-19 sur celle contre le Sida. « En France et à l’international, certains fonds destinés au VIH sont réattribués à la lutte contre le coronavirus. Et à Toulouse, les réquisitions de personnels font par exemple qu’il n’y a actuellement plus d’éducation thérapeutique pour les personnes séropositives », explique Guy Molinier, responsable des plaidoyers au sein d’Act Up Toulouse. De même, sous prétexte de mobilisation générale, celui-ci estime que la démocratie sanitaire a été reléguée aux oubliettes : « Historiquement dans la lutte contre le VIH, les patients sont considérés comme les experts de leur propre pathologie. Aujourd’hui, personne n’est associé aux décisions et la politique est uniquement répressive », poursuit-il.
Les associations regrettent ainsi le manque de mémoire des pouvoirs publics sur l’histoire des épidémies. « Des acquis nés de la lutte contre le VIH sont complètement omis aujourd’hui. Nous savons par exemple que la criminalisation des comportements, comme les restrictions stigmatisantes ont des effets disproportionnés sur les plus vulnérables. De même, on a apparemment oublié que le système de santé n’est jamais aussi efficace que lorsqu’il est le plus proche du tissu social », assure Simon Bouhour, militant à Act Up Toulouse. Une façon aussi de dénoncer « la casse du service public de la santé qui s’illustre à Toulouse par le démantèlement d’une partie de l’hôpital La Grave ».
Alors que la France est encore loin d’atteindre les objectifs fixées par l’ONUSIDA en terme de données épidémiologiques et qu’une ville comme Toulouse ne compte qu’un seul centre de dépistage, le collectif d’associations craint donc que la crise sanitaire aggrave fortement la situation. Et celui-ci n’hésite pas à parler d’une possible résurgence d’une épidémie de VIH qui touchait un peu plus de 9000 personnes en 2018 en Occitanie. Une action revendicative est prévue aujourd’hui à 12h30 Toulouse (place du Capitole) pour sensibiliser le grand public et alerter les autorités.
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