Un mur d’expression recueille l’état d’esprit des voyageurs à la gare Toulouse Matabiau depuis le début du mois de juin. Une manière de prendre le pouls des voyageurs en cette période post-Covid.
En plein hall de la gare Toulouse Matabiau, au milieu des voyageurs qui se succèdent, trône un grand tableau noir. Un mur, à disposition des passants qui souhaitent s’exprimer. Certains y jettent un coup d’œil, parfois s’arrêtent, d’autres prennent le temps d’écrire une phrase. Au milieu des annonces des départs de trains et du bruit des valises à roulettes, le tableau commence à se remplir.
“Chanter”, “danser”, “faire des concerts”, “vivre de mon art” ou encore “sauver le monde”.. Des voyageurs ont exprimé ce qu’ils souhaitent pour l’avenir en complétant la phrase “demain j’aimerais..” Personnes âgées, familles, adolescents, voyageurs solitaires.. le mur attire la curiosité de toute sortes de passants. En plein milieu du tableau, on peut lire d’une écriture enfantine: “Demain j’aimerais conduire un bus!”, accompagné d’un dessin.
Gaël, étudiant en design, voit ce mur comme une œuvre interactive “Même si c’est destiné à l’écriture, cela permet à toute le monde de s’exprimer comme il le souhaite. C’est assez sympathique de voir ce que les autres ont laissé comme message”, confie t-il en dessinant un portrait de Van Gogh. “Il y en a aussi qui peuvent écrire des poèmes, il peut y avoir plusieurs manières de s’exprimer”, complète Noé.
Certains, contemplatifs, se contentent d’observer. “C’est assez courageux d’écrire ce que l’on ressent à la vue de tous”, confie Stéphanie qui n’a pas osé prendre la craie. De son côté, Constance, la vingtaine, examine le mur de manière un peu dubitative: “C’est un peu frustrant, cela me rappelle tout ce que je n’ai pas pu faire pendant le Covid”, s’amuse t-elle.
A Toulouse, le mur est exposé depuis le début du mois de juin mais ce n’est pas la seule ville concernée. Paris, Lyon, Marseille.. une quinzaine d’autres gares partagent la même opération en France. Au delà d’une simple plateforme d’expression, il s’agit là d’une véritable expérience sociologique. Une manière de prendre le pouls de la population après un an et demi de crise sanitaire. Les écrits recueillis dans les quinze gares seront étudiés par le sociologue Christophe Rioux et ses équipes. Une analyse sémantique sera rendue publique à la fin du projet.
Si l’expérience n’est pas encore terminée, Mickael Ollier, responsable communication pour SNCF, gare et Connexion en Occitanie, fait part des premiers retours concernant Toulouse. “Il y a eu beaucoup de messages optimistes, très diversifiés et parfois même dans des langues étrangères”, constate t-il. “Ce qui est assez intéressant, c’est que la connotation des premières phrases annonce souvent l’esprit de ce qui va suivre dans la journée”, ajoute Mickael Ollier.
Quant à la crainte de messages déplacés ou violents, il y en a eu très peu selon lui. “Bien sûr qu’il y a toujours quelques phrases déplacées mais honnêtement c’est assez marginal. D’ailleurs, c’est un peu la bonne nouvelle de l’opération parce qu’on avait peur de cela justement”.
Le mur sera retiré de la gare de Toulouse Matabiau le mardi 6 juillet prochain.
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