À Toulouse, les élus du groupe Alternative municipaliste citoyenne s’opposent à la poursuite du plan de rénovation urbaine du Grand Mirail, qui prévoit la démolition de plusieurs barres HLM.
« Pourquoi démolir des bâtiments viables ? » se demande François Piquemal, du groupe Alternative municipaliste citoyenne (AMC). Avec ses collègues, il s’oppose à la poursuite du plan de rénovation urbaine du Grand Mirail, qui prévoit la démolition des six grands ensembles Poulenc, Grand d’Indy, Petit d’Indy, Gluck, Cambert et Messager. « Ce sont des bâtiments conçus par Georges Candilis, qui font partie du patrimoine historique de Toulouse. Ils demeurent fonctionnels et peuvent toujours accueillir des habitants », insiste François Piquemal. À son appui, cinq architectes, soutenus par Christian Combes, président du Conseil de l’Ordre des Architectes d’Occitanie et Jean-Philippe Vassal, lauréat du prix Pritzker 2021, viennent de publier un appel pour la préservation de l’œuvre de Candilis. La Mairie de Toulouse explique, de son côté, que son plan de rénovation urbaine a pour objectif « de réduire la part d’habitat social et de favoriser la diversité, afin d’en faire des lieux de vie pour tous ».
Selon la collectivité, depuis le début du programme en 2015, 2 375 logements ont été détruits et 2 283 reconstruits. « Les ménages concernés par les démolitions ont été accompagnés et relogés. Parmi eux, 54% sont restés dans leur quartier ». L’opposition voit là un paradoxe, « un plan de rénovation urbaine qui ne concerne pas les habitants. Les relogements qu’on leur propose sur place étant soit trop petits, soit trop chers, beaucoup sont contraints de partir en quatrième ou cinquième couronne », dénonce François Piquemal. Ce que le coprésident d’AMC, Maxime Le Texier, décrit comme « un phénomène de gentrification ».
Le groupe interpellera la majorité, lors du conseil municipal de ce vendredi 10 décembre, afin d’obtenir « une cartographie détaillée de là où atterrissent les habitants, de l’évolution de leur loyer ou de la surface de leur appartement », indique Odile Maurin, qui porte également le dossier. Les élus d’opposition proposent de faire des grands ensembles « les vitrines d’une rénovation urbaine écologique, faîte en concertation avec les habitants ». Et François Piquemal conclut en se demandant « où en sont les dispositifs d’emploi vert ou de territoire zéro chômeur. Alors qu’il faudrait améliorer l’accès aux services publics dans ces quartiers, on se contente de reconstruire des immeubles et de renvoyer la population ailleurs ».
Philippe Salvador
Philippe Salvador a été reporter radio pendant quinze ans, à Toulouse et à Paris, pour Sud Radio, Radio France, RTL, RMC et BFM Business. Après avoir été correspondant de BFMTV à Marseille, il est revenu à Toulouse pour cofonder le magazine Boudu.
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