Un des plus beaux arbres d’Europe, un magnolia planté au XVIIIème siècle, se trouve à Toulouse. Avec une voûte qui s‘étend sur plus de 1000 mètres carrés, il passe difficilement inaperçu.
Il ne faut pas chercher longtemps pour apercevoir ce géant vert, en haut du chemin qui monte vers le château de Purpan. « Quel ne fut pas notre émerveillement de découvrir (…) un magnolia à grandes fleurs d’une splendeur sans pareil, peut-être le plus gros d’Europe » témoignent dans l’Auta Corinne Clément et Sonia Ruiz, autrices de Toulouse, secret et insolite. En cas de deuxième tome, elles consacreraient volontiers un chapitre à cet « arbre-bosquet formant une immense voûte fraîche et obscure, arbre-monde étendant sur près de 1 000 mètres carrés ses multiples rejets en un cercle magique ». Le phénomène mesure 24 mètres de hauteur, il a reçu le label Arbre remarquable de France en 2009 et a été élu arbre de l’année en 2013.
Son origine demeure un mystère. Est-ce un rejeton du fameux magnolia de Nantes ramené de Floride, le premier introduit en France en 1711 ? Ou bien est-ce un plant rapporté de ses voyages, en 1784, par Guillaume Dubarry à ses sœurs Chon et Bischi, elles-mêmes belles-sœurs de la comtesse du Barry, favorite du roi Louis XV ? « Seules les deux sphinges de terre cuite postées sur les balustrades du château détiennent peut-être la réponse », laissent planer Corinne Clément et Sonia Ruiz…
Pour s’en approcher, il faut obtenir l’autorisation de la direction de l’école d’ingénieurs de Purpan, propriétaire du domaine depuis un siècle. Et si l’on a la chance de pouvoir aller sous sa frondaison, le paysage change du tout au tout. « Vous avez alors l’impression de pénétrer dans une forêt, avec toute sa biodiversité. Les branches qui sont retombées au sol se sont enracinées, on dit qu’elles ont fait des marcottes. Et il y a ainsi de nombreux troncs biscornus, d’une soixantaine de centimètres de large, qui appartiennent tous au seul et même spécimen », décrit Janine Cransac, la fondatrice de l’association Arbres et paysage d’Autan.
Elle souhaiterait que le magnolia soit mieux protégé, « comme le magnifique hêtre de Sorèze, qui bénéficie d’une petite clôture. Car il ne faut pas piétiner le sol où se trouvent les racines les plus importantes, celles qui sont superficielles ». Les plus anciennes du magnolia de Purpan, occuperaient aujourd’hui une surface de deux hectares autour de lui. Janine Cransac déplore également qu’aucun texte n’interdise à son propriétaire de se débarrasser d’un arbre remarquable. « Ce ne sont pas les lois qui les protègent, ce sont les hommes ». Heureusement, ceux qui veillent à celui de Purpan ne sont pas prêts à baisser la garde. « Si l’on ne lui coupe pas ses branches et qu’il n’est pas frappé par la maladie, alors il pourra vivre éternellement. »
Philippe Salvador
Philippe Salvador a été reporter radio pendant quinze ans, à Toulouse et à Paris, pour Sud Radio, Radio France, RTL, RMC et BFM Business. Après avoir été correspondant de BFMTV à Marseille, il est revenu à Toulouse pour cofonder le magazine Boudu.
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