À Toulouse, les clients ne manquent pas d’imagination et offrent, aux vendeurs et serveurs du centre ville, une mine inépuisable de perles toutes plus savoureuses les unes que les autres. Impatients, bavards, exigeants… Après des semaines de confinement et de couvre-feu, les clients sont de retour dans les magasins…
2,5 kg. C’est le nombre de kilos moyen pris par les français pendant le premier confinement. Avec le télétravail et les réunions en visioconférence, certains se sont habitués à porter des vêtements confortables et amples. Mais avec le déconfinement, bon nombre d’entre eux ont dû retourner sur leur lieu de travail. Il a donc fallu, de nouveau, troquer son bas de pyjama contre un pantalon plus classique.
Et c’est là que les choses se sont compliquées… « Certains clients ne rentrent plus dans leurs tailles habituelles mais ne veulent pas l’assumer » s’amuse Severine qui tient une boutique de textiles. « Parfois je leur dit de ne pas s’inquiéter car se sont nos vêtements qui taillent petits mais ils ne se résignent pas à acheter une taille au dessus » ajoute t-elle.
Des situations cocasses qui peuvent devenir particulièrement croustillantes dans les établissements de lingerie. « Un jour un homme s’est mis en tête d’essayer un string pour femme en dentelle. Il m’a même demandé mon avis en cabine d’essayage », raconte Mathilde, vendeuse dans une boutique de sous-vêtements. « J’admets que je n’étais pas prête. J’étais très gênée et je n’osais pas lui dire que cela ne rentrerai pas », rigole la jeune femme.
Après une longue période d’isolement, certains clients ont ressenti le besoin de se confier. Alors quoi de mieux que la réouverture des magasins pour exposer sa nouvelle théorie, souvent fumeuse, sur la crise sanitaire ? En effet, anti-masques, antivaccins ou complotistes font quotidiennement part de leurs revendications aux commerçants. « Il ne se passe pas un jour sans que quelqu’un ne me parle du vaccin. Souvent, cela part en débat entre les clients qui attendent leur commande. Mes collègues et moi essayons de tempérer comme nous pouvons », témoigne Pauline, préparatrice dans une chaîne de restauration rapide.
« Un soir, juste avant la fermeture, une dame âgée m’a tenu un discours complotiste pendant 15 minutes. Je ne savais pas quoi lui répondre. Même son mari était gêné », raconte Laurence vendeuse dans une boutique de vêtements du centre ville. « J’envoyais désespérément des signaux à ma collègue pour qu’elle vienne m’aider mais elle a préféré me laisser me débrouiller toute seule », sourit-elle. Sans rancune.
« À la maison, il ronge les câbles. Il va finir par s’électrocuter. Je ne sais pas quoi faire de lui. » Voilà ce qu’a confié spontanément un homme d’une quarantaine d’années alors qu’il commandait un café. Et, contrairement aux apparences, cet homme désemparé ne parlait pas d’un animal domestique incapable de s’habituer à la vie en appartement mais de son propre fils. Visiblement harassé, ce père de famille cherchait une oreille bienveillante, pour le plus grand bonheur des vendeurs. « Je suis sûre que l’enfant n’avait pas plus de 3 ans. Mais le père avait l’air désespéré. Il me racontait aussi que lorsqu’il conduisait, son fils enclanchait le frein à main” s’amuse la barista transformée, pour l’occasion, en psychologue… de comptoir.
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