À l’approche de la rentrée scolaire à Toulouse, les syndicats d’enseignants regrettent un protocole sanitaire qui ne prend pas la mesure de la situation épidémique.
Il y a d’abord, comme en octobre dernier, une méthode qui ne passe pas. À quelques jours de la rentrée scolaire, les enseignants de Toulouse ont pris connaissance par la presse, comme tout le monde, du protocole qu’ils devront appliquer dans leur classe. Le ministre de l’éducation nationale Jean-Michel Blanquer ayant choisi, il y a quelques jours, de dévoiler le protocole sanitaire applicable pour cette rentrée 2021 par voie de presse. « C’est choquant mais nous ne sommes plus étonnés. Nous avons un ministre qui ne parle pas avec ses équipes pédagogiques », déplore Pierre Priouret, secrétaire académique du Snes-FSU, syndicat enseignant majoritaire du second degré en Haute-Garonne.
Mais les syndicats sont aussi et surtout remontés contre le scenario retenu par Jean-Michel Blanquer, parmi les quatre établis au préalable. Celui-ci a en effet opté pour le niveau 2 d’alerte, qui implique notamment l’accueil en présentiel de tous les élèves et la ” limitation du brassage par groupes”. « Cela nous paraît très léger, au vu de la situation épidémique, notamment dans l’académie où certains départements sont très fortement touchés. Le taux d’incidence est également très élevé chez les 10-19 ans. Le ministre tente encore de rassurer les parents en parlant de rentrée normale mais il ne tient pas compte de la réalité », fustige Pierre Priouret.
L’enseignant évoque même un retour en arrière : « je rappelle qu’en juin, alors que le virus circulait beaucoup moins, les lycéens étaient encore en alternance. De même, avec ce nouveau protocole, les règles sont beaucoup plus légères en ce qui concerne la restauration scolaire. Il y a un problème de cohérence globale et nous partageons les inquiétudes exprimées par des médecins quant à la circulation de ce variant qui semble particulièrement problématique pour les ados ».
De son côté, le ministre de l’éducation justifie cet assouplissement par la progression de la vaccination chez les jeunes, présentée comme un nouvel outil de protection. Avec notamment une grande campagne de vaccination annoncée dès la rentrée dans les établissements du second degré. « Une très bonne nouvelle » pour Pierre Priouret qui reste toutefois dubitatif sur la mise en pratique. « Nous attendons de voir comment cela va se dérouler et qui va s’en charger. Une chose est sûre, l’éducation nationale n’en a pas les moyens, nous n’avons même pas de médecins scolaires. Et puis il y a la question des élèves de sixième qui ont majoritairement moins de 12 ans et ne sont donc pas éligibles à la vaccination », pointe du doigt le représentant syndical.
Au sujet de l’organisation de la campagne prévue dès la rentrée par le protocole, le rectorat de l’académie de Toulouse, contacté par le JT, évoque une approche pragmatique. « Dans tous les collèges et lycées, élèves et personnels auront accès au vaccin, à proximité ou au sein même de leur établissement. Nous travaillons, avec les préfectures et l’ARS au plus près du terrain, département par département, pour mettre en place l’organisation de la vaccination. Selon les situations, soit des équipes mobiles viendront vacciner dans les établissements, soit nous organiserons le déplacement des élèves volontaires, en lien avec les services de santé, vers les centres de vaccination ».
Comme annoncé par le ministre Jean-Michel Blanquer, le rectorat précise que la vaccination relèvera d’une démarche volontaire pour les élèves et leurs parents et que seule une attestation de ces derniers suffira à prouver l’immunisation de leurs enfants. Un autre problème soulevé par les enseignants, d’autant plus avec les nouvelles règles du protocole qui prévoient, si un cas positif est détecté chez un collégien ou un lycéen, que les élèves non vaccinés passent en cours à distance pour une période de sept jours.
À ce sujet, les syndicats dénoncent à nouveau un manque de sérieux de la part du ministère. « Il ne faut pas mentir aux familles. Il n’y a pas d’embauches prévues et les enseignants ne peuvent pas se dédoubler. Ils mettront les cours en ligne, comme ils ont l’habitude de le faire depuis longtemps, mais il n’y aura aucune prise en charge individuelle de l’élève. Il ne s’agit pas de continuité pédagogique », assure Pierre Priouret.
Enfin, dernier point de discorde : l’aération des salles classe que le nouveau protocole sanitaire prévoit de renforcer. Un exemple typique de la « communication » du ministère selon l’enseignant : « En gros, on nous demande d’ouvrir plus grand les fenêtres alors que cela fait 18 mois que nous évoquons la question de l’installation de purificateurs d’air dans les classes et que personne n’en a jamais vu. Encore une fois, on ne nous donne pas les moyens de protéger efficacement les élèves ».
Commentaires