Pascal Gassiot, membre de l’antenne locale de la Fondation Copernic, signataire de l’appel pour la “marche des libertés et contre les idées d’extrême droite”, qui aura lieu ce samedi 12 juin à Toulouse, revient sur les origines de l’initiative.
Loi sécurité globale, loi sur le séparatisme, chasse à l'”islamo-gauchisme”, suppression de l’Observatoire de la laïcité, tribunes des militaires… Autant d’exemples d'”un climat politique et social alarmant” pour la centaine d’organisations signataires de “l’appel pour les libertés et contre les idées mortifères de l’extrême-droite”.
Face à cette “montée de la haine et aux restrictions des libertés”, associations, collectifs, syndicats ainsi que l’ensemble des partis de gauche, à l’exception du parti socialiste, organisent une grande riposte à travers des marches dans plusieurs de ville de France ce samedi 12 juin.
A Toulouse, le rassemblement est prévu place Arnaud-Bernard, à 14 heures. Pascal Gassiot, membre de l’antenne locale de la Fondation Copernic, think-tank “anti-libéral” signataire de l’appel, explique les raisons de cette mobilisation.
Le Journal Toulousain : Quel est le but de cette marche des libertés du 12 juin ?
Pascal Gassiot : Il y a un désir collectif de dénoncer ce climat général, pas tout à fait nouveau, mais qui monte en puissance ces dernières années. Il s’agit d’un mélange terrible. On assiste d’abord à une restriction des libertés publiques. Cela a commencé au moment des attentats islamistes et cela pouvait totalement se comprendre dans ce contexte, mais ces mesures sont désormais étendues à toute contestation du capitalisme et du libéralisme.
Elles ont été transférées dans le droit commun pour criminaliser tout mouvement social. Avant, occuper une usine était tout à fait habituel. Aujourd’hui, c’est du terrorisme. La loi de sécurité globale et le nouveau schéma de maintien de l’ordre sont des exemples parfaits de ces changements profonds. Et dans le même temps, il y a cette offensive idéologique caractérisée par l’invention du terme “islamo-gauchisme”, ainsi que le dévoiement de la laïcité, au sujet de laquelle on observe un glissement de sens total. Tout cela crée une situation particulièrement inquiétante.
Les idées d’extrême-droite sont-elles en train de monter, comme l’évoque l’appel ?
On le voit notamment dans les médias, c’est là que c’est le plus impressionnant. En soi, cela ne me dérange pas que CNews véhicule des idées d’extrême-droite, je suis pour la liberté de la presse à condition que cela reste dans un cadre légal. Ce qui est choquant en revanche, c’est que cette chaîne donne le ton général de l’information. Cela revient encore et toujours à dénoncer le fait que 9 milliardaires propriétaires de grands groupes d’affaires possèdent la grande majorité des médias. Que quelqu’un comme Eric Zemmour parade sans arrêt à la télévision malgré ses condamnations pour appel à la haine est aberrant. Mais je ne crois pas à l’idée que l’extrême-droite soit en train de gagner la bataille culturelle comme on peut l’entendre.
Il faut garder sa lucidité
Le Rassemblement National est pourtant de plus en plus haut dans les sondages ?
Dans cette ambiance délétère, l’enjeu consiste aussi à garder sa lucidité. Je rappelle qu’au niveau national, le RN est au même niveau qu’il y a 15 ans, entre 20 et 25%, c’est plutôt stable. Quand on regarde seulement les événements les uns après les autres, encore très récemment avec la vidéo du youtubeur Papacito ou la gifle reçue par Emmanuel Macron, c’est vrai qu’il y a de quoi s’inquiéter. Mais il ne faut pas perdre de vue qu’une grande majorité de Français sont pour la sécurité sociale, pour les services publics. De nombreuses études le prouvent. Il y a encore des gens attachés à un modèle social solidaire.
Qu’attendez-vous de cette marche des libertés à Toulouse ?
Une forme de sursaut. Cela peut-être l’occasion de retrouver des espaces pour respirer un peu mieux dans ce climat. Et aussi montrer que des milliers de personnes veulent résister à cette droitisation médiatique et politique, qui, encore une fois, ne reflète pas ce qu’attend la population en matière de vivre-ensemble. Il faut aussi être positif.
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