Difficultés de trésorerie et d’approvisionnement, paralysie de la commande publique, les entreprise de travaux publics craignent « un effondrement économique et social après la crise sanitaire ».
Travaux publics © DR« Actuellement 90 % des entreprises ont dû suspendre leurs chantiers. Que ce soit pour des problèmes d’approvisionnement ou par mesure de précaution face aux difficultés à mettre en place les gestes barrières », constate Isabelle Ferrer, secrétaire générale de la Fédération régionale des travaux publics Occitanie. En Occitanie, ce sont près de 2 000 entreprises et leurs 26 000 salariés qui sont suspendus à une décision du Gouvernement. En effet, celui-ci doit définir officiellement des protocoles de travail adaptés aux risques de contamination, métiers par métiers. « Face à cette situation, la plupart des maîtres d’ouvrage (le client, ndlr) ont envoyé des ordres de service pour suspendre les chantiers », se félicite néanmoins la représentante locale de la filière. Un engagement pris par de nombreuses collectivités locales, dont les commandes publiques représentent la moitié du chiffre d’affaire du secteur, qui évitera aux entrepreneurs d’être soumis à d’éventuelles pénalités de retard. Mais pour la fédération, cette garantie ne les met pas à l’abri d’un « effondrement économique et social après la crise sanitaire ».
Malgré les plans massifs de soutien aux entreprises promis par l’État ou les collectivités locales, Isabelle Ferrer craint surtout la période suivant le confinement. « Ces aides ne combleront pas le manque à gagner. C’est au moment de redémarrer l’activité, quand il faudra payer les salariés et l’achat de matériaux, sans avoir pu facturer de travaux, que les entreprises devront affronter les plus gros problèmes de trésorerie », alerte la secrétaire générale de la fédération. Celle-ci rappelle que de nombreuses entreprises, notamment les plus petites, étaient déjà confrontées à une baisse d’activité due à la période électorale. « On ne pourra pas tenir très longtemps sans qu’il n’y ait de la casse », avertit-elle.
En plus d’appeler au renforcement des mesures de relance et d’accompagnement, Isabelle Ferrer engage les collectivités à anticiper et programmer, dès aujourd’hui, les chantiers de demain. Notamment en profitant de cette période pour mener à bien les études, monter les projets et lancer les appels d’offre. « Toutes ces démarches peuvent se faire en télétravail et elles éviteront d’allonger les délais avant que les travaux ne reprennent sur le terrain. Il faut planifier la sortie de crise », préconise-telle avant de mettre en garde contre les risques de déstabilisation de la filière. « Le redémarrage se fera de manière progressif, en fonction de la situation sanitaire. Mais derrière cela, il y a un risque de bousculement, notamment sur la question de l’approvisionnement. Des pouvoirs publics aux fournisseurs, il faut que nous soyons tous dans les starting-blocks. »
Un reprise progressive mais « urgente » après laquelle il faudra « mettre les bouchées doubles », concède Isabelle Ferrer qui n’exclut pas d’avoir recours aux mesures d’assouplissement du Code du travail instaurées par la loi d’urgence sanitaire. « Cela devra se faire dans le respect du dialogue social interne, avec les représentants des salariés de chaque entreprise. Mais seulement quand la sécurité de tous les collaborateurs sera garantie. C’est une priorité », rappelle la secrétaire générale de la fédération.
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