L’enquête publique concernant la troisième ligne de métro a pris fin le 18 juillet dernier. Après l’avoir étudiée, les Conseils de développement de Toulouse Métropole, du Sicoval et du Muretain soulèvent plusieurs interrogations.
« Une troisième ligne de métro sera bénéfique, mais n’est cependant pas suffisante à elle seule pour régler les problèmes de déplacement. » Pierre Lefèvre, coordinateur du Conseil de développement (Codev) de Toulouse Métropole, résume ainsi l’avis émis par cette assemblée consultative. Cette dernière vient de rendre ses conclusions communes avec ses homologues du Sicoval et du Muretain : « Nous relevons plusieurs points de vigilance suite à l’enquête publique qui s’est achevée le 18 juillet. »
C’est d’abord sur la forme que le trio s’interroge. La procédure aura duré un mois et demi, « ce qui reste étonnant pour un projet d’une telle importance », notent les Codev qui soulèvent également la question de la planification estivale du dispositif. Au sein même de l’instance, les avis sont partagés. Pour certains, c’est une manière d’écourter volontairement les débats. Pour d’autres, il s’agit d’une simple coïncidence de calendrier. « Toujours est-il qu’il est difficile de mobiliser les citoyens en plein mois de juillet », constate Pierre Lefèvre.
« Curieux quand on souhaite démontrer la viabilité d’un programme »
Et l’étonnement des Codev suite à la consultation de l’enquête ne s’arrête pas là. Ils sont interloqués par le plan de financement présenté. Outre les réserves formulées quant à la soutenabilité économique du projet, les membres des Conseils de développement relèvent un dossier incomplet : « Nous ne connaissons pas les recettes que Tisséo Collectivités pense atteindre avec la troisième ligne de métro, car le compte d’exploitation ne figure pas dans la procédure. Cela est curieux quand on souhaite démontrer la viabilité d’un programme. »
Un défaut de communication d’éléments dans le dossier de l’enquête publique qui rend difficile un positionnement clair, estime les Codev. Ces derniers considèrent par exemple que des informations concernant l’intermodalité autour de la troisième ligne de métro auraient permis d’appuyer l’utilité du projet. « S’il est bien inscrit au Plan de déplacements urbains (PDU), la collectivité ne précise pas de quelle manière il sera connecté aux autres types de transports », constate les Codev. Pourtant, ils notent que plusieurs réflexions sont en cours sur le sujet, comme le Schéma directeur cyclable, mais ces documents restent absents de l’enquête publique. « L’intégration de ces projets au dossier aurait donné à la ligne Toulouse Aérospace Express (TAE) la dimension métropolitaine qui lui manque .»
Un argument de poids auquel les Codev amènent leurs préconisations : il manque une autorité organisatrice de la mobilité (AOM) pour articuler l’intermodalité. Cette carence pourrait être comblée par l’élargissement des compétences des AOM prévues par le projet de loi d’orientation des mobilités (Lom), qui devra être examiné à l’Assemblée nationale et au Sénat à la rentrée. « Nous espérons que les présidents des collectivités concernées et Tisséo s’en empareront pour créer une autorité unique pour les trois agglomérations de Toulouse Métropole, du Sicoval et du Muretain et ainsi mener une politique de transports plus cohérente », explique Pierre Lefèvre, au nom des Codev.
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