Repêchage. Incompréhensions, urgence du calendrier… Le projet de rapprochement entre les universités Jean-Jaurès et Paul-Sabatier, l’Insa et l’INP, destiné à récupérer le précieux label Idex, génère une forte contestation. Les syndicats d’enseignants et d’étudiants demandent avant tout des garanties pour l’avenir.
© Franck Alix
Idex. Derrière ce terme barbare, contraction d’Initiative d’excellence, se cache un enjeu majeur pour l’avenir de l’enseignement supérieur toulousain. C’est avec en ligne de mire une nouvelle obtention de ce label – Toulouse l’avait acquis en 2012 avant d’être recalé en 2016, à l’issue de la période probatoire – qu’est né le projet de rapprochement entre les universités Jean-Jaurès et Paul-Sabatier, l’Institut national des sciences appliquées (Insa) et les six écoles de l’Institut national polytechnique de Toulouse (INPT). « Les deux universités perdront leur personnalité juridique mais chaque composante conservera des instances de gouvernance et décidera notamment de son offre de formation. Si nous réussissons, nous créerons la plus grande université de France », insiste Philippe Raimbault, président de l’Université fédérale de Toulouse Midi-Pyrénées, l’organe qui chapeaute l’enseignement supérieur local.
Le projet, qui refuse le terme de fusion, est loin de faire l’unanimité. Comme en témoignent les manifestations qui agitent le campus Jean-Jaurès depuis quelques semaines. Pourtant, même les plus sceptiques ont bien conscience de l’enjeu que constitue la récupération de l’Idex et de ses généreuses subventions. Né en 2010, ce label doit permettre de créer en France des pôles d’enseignement supérieur et de recherche de rang mondial.
Alors que l’heure est aux repêchages et qu’un nouveau dossier a été déposé au gouvernement mi-décembre, les syndicats d’étudiants et de personnels ne sont pas foncièrement opposés au rapprochement. Mais ils demandent des clarifications. « Le projet est au final assez peu concret, notamment en matière de maintien des emplois dans les établissements fusionnés. Pour rétablir la confiance, le président de l’université Jean-Jaurès doit apporter des garanties », suggère Cyril Lepoint, secrétaire départemental du syndicat Unsa. De son côté, Maryse Rossi, présidente de l’Association générale étudiante de Midi-Pyrénées, souhaite que soient davantage pris en considération les sujets liés à la vie étudiante : uniformisation des conditions de travail par le haut, carte des formations mettant en avant les nouvelles possibilités de double-cursus… Cela tombe bien, Philippe Raimbault se dit « ouvert au dialogue ». « Il n’y a pas de plan B. Voilà pourquoi nous sommes à l’écoute de toutes les bonnes idées pour mener le projet à bien », insiste-t-il.
Encore faudra-t-il convaincre le reste de l’enseignement supérieur local. D’ores et déjà, plusieurs établissements ont pris du recul, dont l’université Toulouse 1 Capitole et l’Institut supérieur de l’aéronautique et de l’espace (Isae). « Le modèle fédéral tel qu’établi depuis 2007 n’était pas allé au bout de ses capacités et le nouveau dossier se concentre davantage sur les questions d’organisation que sur la recherche de l’excellence. Mais, une fois le rapprochement opéré, nous regarderons comment participer à divers projets communs de recherche thématique », explique Corine Mascala, la présidente d’UT1 Capitole. La santé, le patrimoine ou la mobilité sont des sujets évoqués pour recréer l’émulation dans le monde de l’enseignement supérieur toulousain.
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