Confinement et fermetures des frontières obligent, les fumeurs ont dû revoir leur façon de consommer. Pendant cette période, fini les sorties du territoire pour des prix divisés par deux en Espagne, voire par quatre en Andorre. Les buralistes d’Occitanie sortent donc gagnants de cette courte période, mais cela n’a pas calmé leur colère.
+16,3%, voilà le pourcentage d’augmentation des ventes de cigarettes en avril en Occitanie d’après une étude Logista. Selon cette même étude, les augmentations sont de +77,4% en Ariège et de +71% dans les Pyrénées-Orientales par rapport à l’année précédente. Ce sont les deux départements français qui connaissent la plus grande augmentation des ventes de tabac. Des chiffres qui s’expliquent par leur proximité frontalière de l’Andorre et de l’Espagne, plaques tournantes des cigarettes à bas prix.
La hausse de la vente du tabac a donc fait émerger des “nouveaux fumeurs”. Les ventes augmentent non pas parce que les gens achètent beaucoup plus, mais parce que des fumeurs ont réapparu dans les statistiques. Non comptabilisés en France, ils seraient plus d’un million de fumeurs a s’être “révélés” durant cette période de fermeture des frontières. « Par magie, ce sont 1,5 million de personnes en plus qui se sont mis à fumer », ironise Gérard Vidal, président de la fédération des buralistes en Haute-Garonne. « On nous ment. Les gens n’arrêtent pas de fumer ou ne se mettent pas à fumer d’un coup. Ce chiffre signifie donc que le nombre de personnes qui passent par un autre circuit est important.» Mais de quel circuit alternatif parle-t-on ?
Dans le Gers, dixième au classement des hausses de vente (+35%), on explique l’augmentation par le blocage temporaire des circuits de revente illégaux. « Dans mon magasin, j’ai vu revenir des anciens clients que je n’avais pas vu depuis très longtemps. Ils n’achètent plus en France mais via ce que j’appelle des réseaux de contrebande de proximité. Certains vont en Andorre ou en Espagne et revendent sur place aux familles et aux amis », dénonce un buraliste auscitain qui souhaite garder l’anonymat. Ce même commerçant s’insurge contre la responsabilité de l’Etat dans l’uniformisation du prix du tabac. « C’est de l’hypocrisie. Emmanuel Macron avait annoncé une harmonisation du paquet à 10 euros dans toute l’Union européenne. Voilà où nous en sommes maintenant. Encore une fois, nous sommes les dindons de la farce.» La réouverture des frontières andorranes ce lundi 1er juin ne devrait pas calmer le ressenti du buraliste.
Institut Supérieur de Journalisme de Toulouse
Cet article a été écrit par des élèves de l'Institut Supérieur de Journalisme de Toulouse dans le cadre d'un partenariat avec le Journal Toulousain.
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