Trop long, trop dur, trop cher… Le permis de conduire ne se trouve pas dans une pochette surprise. Ils sont d’ailleurs 8 millions de Français à ne pas l’avoir. Le 2 février dernier, la députée LREM Françoise Dumas déposait un rapport contenant 23 propositions visant à faciliter son obtention. Et lutter ainsi contre ce qui est considéré comme un facteur d’exclusion. Situation choisie ou subie, suite à un retrait par exemple, vivre sans permis peut s’avérer très contraignant. Pourtant certains arrivent à s’en passer. Le JT les a suivis à la découverte d’une mobilité certifiée ‘’sans examen’’.
Avec plus de 1,4 million de candidats par an, le permis de conduire reste l’examen qui compte le plus d’inscrits en France. C’est dire si le précieux sésame est convoité. Mais le taux de réussite ne dépasse pas les 60 % d’après les derniers chiffres (2014) du ministère de l’Intérieur.
Au total, près de 40 millions de personnes en sont actuellement titulaires, sur les 48 millions de Français de plus de 18 ans. Cela signifie que près de 20 % de la population ne disposent pas de la carte rose. Et ce taux tendrait à augmenter, notamment chez les jeunes qui constituent la grande majorité des candidats. Plusieurs causes à ce phénomène ont été identifiées par une étude OpinionWay réalisée en 2017.
« Deux principaux freins retardent le passage de l’examen ou y font renoncer : le budget et le manque de temps lié aux préoccupations de cette tranche d’âge comme les études, la recherche de stage ou d’emploi », résume le communiqué d’OpinionWay. En effet, passer le permis revient en moyenne à 1 100 euros (le code et les 20 heures de conduite obligatoires) et nécessite un investissement de cinq mois minimum.
« Deux freins principaux : le budget et le manque de temps »
Paradoxalement, ce sont les mêmes raisons qui son évoquées pour expliquer leur besoin de se former à la conduite. Car bien souvent, le permis constitue une porte d’entrée vers l’emploi, comme le rappelle une enquête du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc) : « A niveau de diplôme égal, les taux d’emploi des jeunes sans permis sont jusqu’à plus de deux fois moindres que ceux des jeunes détenteurs du permis. »
Ce chiffre varie en fonction du lieu d’habitation. Les jeunes vivant dans les grandes métropoles ont en effet tendance à minimiser l’importance du permis car ils parviennent à y pallier grâce aux transports en commun. Mais pour ceux qui résident en milieu rural, les difficultés sont décuplées. D’ailleurs, les statistiques par territoire en témoignent : 77 % des jeunes domiciliés à la campagne ont leur permis contre 45 % seulement des Franciliens.
« Les taux d’emploi des jeunes sans permis sont jusqu’à plus de deux fois moindres »
Le sésame semble toutefois être indispensable pour bon nombre de Français. Pour preuve, 9 % de ceux qui ne l’ont pas, soit parce qu’ils ne l’ont jamais eu en poche, soit parce qu’il leur a été retiré, affirment s’en affranchir et prendre régulièrement le volant, « notamment pour se rendre au travail », selon un sondage Ifop pour le magazine “Auto Plus”. Ainsi, quelque 600 000 Français rouleraient sans permis. Car si l’absence de ce document peut être un frein à l’emploi, elle peut également avoir un impact sur l’insertion sociale, le choix d’un lieu de vie ou même la sociabilisation.
Pour d’autres, ne pas avoir de permis est une décision délibérée. Pour des raisons écologiques ou parce que le besoin ne s’en fait pas sentir. Toutefois, « ce phénomène reste marginal et très urbain », comme le confirme Yoann Demoli, sociologue, auteur d’une thèse sur les usages de la voiture. Pour lui, difficile de se passer du permis ailleurs que dans les grandes villes où les alternatives foisonnent.
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