Enfants et adultes atteints du Trouble du spectre de l’autisme (TSA) se retrouvent socialement en difficulté, face à leurs craintes et leurs angoisses. Pour les aider à s’intégrer et à surpasser leur handicap, beaucoup pratiquent une activité sportive. De la balle aux pieds à des interactions avec les autres, ils sont nombreux à avoir fait le (long) chemin. Reportage.
Il a du mal à s’exprimer. Mais, quand il entend le mot “athlétisme”, Raphaël affiche un grand sourire. Dans son jardin, le garçon de 13 ans, atteint du Trouble du spectre de l’autisme (TSA) court d’un bout à l’autre. « Depuis qu’il a appris à marcher, il ne fait que courir », se rappelle son père, Richard. S’il a pu s’essayer aux courses à pied au sein de son collège, l’adolescent ne s’est inscrit en club que récemment. Il y a un peu plus d’un an, il intégrait l’ASPTT Toulouse. Une association sportive spécialisée dans le handisport. Suivi par son coach Denis Broca, le jeune coureur a fait « d’incroyables progrès ». « Il est sérieux. Il a travaillé son endurance, et cela a fini par payer. Il est consciencieux et toujours content d’être là », dit-il en souriant.
Lors de ses premiers entraînements, Raphaël était « très réservé ». Aujourd’hui, après plus d’un an de pratique sportive, « il va vers les autres et s’est même fait des amis », d’après son père. L’adolescent est heureux d’avoir « Ilan et Axel comme super potes». À force de travail et de progrès, il a décroché le titre de champion de France de cross en sport adapté, catégorie moins de 14 ans, cette année. « C’est une véritable fierté », poursuit Richard, ému.
Raphaël a même décidé de dire adieu à certaines de ses angoisses. Dorénavant, il ose. Il saute, il prend le métro sans avoir peur du regard des gens, il prend la parole. L’adolescent semble vouloir se faire confiance. « Le sport l’aide à se surpasser », garantit son père. Grâce à la pratique d’une activité sportive, des milliers d’enfants atteints du TSA parviennent désormais à s’ouvrir aux autres.
Najma, originaire de Perpignan, a vu son fils Sammy, 4 ans et demi, faire d’immenses progrès. « Le sport a presque sauvé mon fils. Il en fait depuis ses 18 mois. Du football à l’escalade, il a voulu tout essayer. Il relève maintenant des défis de taille. Il se concentre davantage et gère ses interactions sociales. »
Pour forcer le progrès, les enfants autistes sont généralement en groupes avec des enfants qui ne sont pas atteints par ce handicap. « Grâce à leurs activités, ils s’intègrent et assimilent des règles de vie », ajoute Lotty, enseignante en activité physique adaptée au sein de l’ASPTT.
Céline Dégli Angeli est une psychologue spécialiste du TSA dans le Loiret. Pour elle, « l’activité sociale qu’offre le sport ne peut qu’être bénéfique ». Les personnes autistes ont tendance à ne pas « avoir conscience des règles ». Selon elle, le sport « les aide à comprendre l’importance des limites ».
Les enfants vont également pouvoir développer la maîtrise de leurs gestes et de leurs mouvements. « Beaucoup de jeunes autistes marchent sur la pointe des pieds. Grâce à une pratique sportive régulière, cela peut leur permettre de marcher plus normalement. »
Mais la psychologue déplore un manque de pratique chez les personnes autistes. « Ce n’est pas de leur faute. Ils ne sont pas forcément acceptés dans les clubs de sport. Leur intégration y est souvent difficile à mettre en place. Cependant, j’espère sincèrement que des efforts seront faits à ce niveau-là, car ils sont, sans aucun doute, ceux dont le sport peut réellement changer la vie. »
Hocine Zaoui
En attendant, des initiatives visant à faire du sport un vecteur d’insertion sociale fleurissent dans toute la France. Et ce auprès de publics très variés. Qu’il s’agisse de football en marchant pour que les personnes âgées puissent garder un lien social, de karaté pour que les femmes victimes de violence se réapproprient leur corps, ou d’athlétisme pour aider les autistes à maîtriser leurs angoisses. Un petit échantillon des nombreux projets que le JT met en exergue dans ce dossier du mois d’octobre.
Commentaires