A quelques jours du premier tour des élections législatives, les élus de la majorité municipale de Toulouse ont tenu à s’exprimer au sujet du Nouveau Front populaire. Pour eux, cette coalition est « une aberration » et ne tiendra pas dans le temps.
« Une alliance contre-nature » et « irréaliste », « une aberration », « un affront populiste », « un mensonge »… Les élus d’Aimer Toulouse, groupe de la majorité municipale de la Ville rose, ne se montrent pas tendres envers le Nouveau Front populaire (NFP). Pour rappel, celui-ci rassemble les principaux partis de gauche : La France insoumise (LFI), le Parti socialiste (PS), Les Écologistes, le Parti communiste français (PCF), Place publique, Génération·s (G·s), la Gauche républicaine et socialiste (GRS), le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) et la Gauche écosocialiste (GES). La coalition s’est accordée sur un programme politique commun, mais également sur une répartition du nombre de candidats pour chaque parti dans les 577 circonscriptions législatives françaises et sur la reconduction de la plupart des députés sortants. Ainsi, LFI en a obtenu 229, contre 175 pour le PS, 92 pour Les Écologistes, 50 pour le PCF et enfin, 31 pour les autres membres de l’alliance.
Une répartition que dénonce Nicolas Misiak, conseiller municipal et coprésident d’Aimer Toulouse. « La force politique arrivée première aux élections européennes à Toulouse est la gauche républicaine et démocratique, représentée par Raphaël Glucksmann, à 21,47%. Et pourtant, aux Législatives, il n’y aura aucun candidat de cette gauche dans la Ville rose », note l’élu qui tient à faire part de « la trahison ressentie par de très nombreux électeurs du PS et de Place publique de se voir confisquer tous leurs candidats aux Législatives par des candidats LFI ». Dans les circonscriptions de Toulouse, ce sont effectivement les trois députés sortants LFI Hadrien Clouet, Anne Stambach-Terrenoir et François Piquemal, et également la députée sortante Christine Arrighi (Les Écologistes) qui ont été investis par le NFP. « Pour nous, le Front populaire n’existe pas à Toulouse. LFI est désormais la seule force politique à représenter la gauche locale », relève Nicolas Misiak.
D’ailleurs, Pierre Esplugas-Labatut, adjoint au maire et porte-parole d’Aimer Toulouse « ne comprend pas que les socialistes, communistes et écologistes aient pu faire alliance avec LFI et tourner le dos à leurs propres valeurs et à leur histoire ». Il déplore ainsi que la présidente de la Région Occitanie, Carole Delga, se soit, en approuvant le Nouveau Front populaire, « jetée dans les bras des Insoumis » alors qu’elle « dénonçait le danger qu’ils représentaient ». « Messieurs Mélenchon, Ruffin et Poutou sont tout aussi dangereux que Monsieur Bardella. Ils portent des valeurs d’exclusion, sont dans une stratégie de “bordélisation” et risquent d’entraîner la France dans le chaos économique », estime l’élu. L’adjointe au maire, Nicole Yardeni, ajoute que LFI, qui « sert de visage au NPA », a « réhabilité l’antisémitisme au travers de la haine d’Israël ». « Ce qui envoie les gens dans les bras du Rassemblement national », regrette-t-elle.
Pierre Esplugas-Labatut ne croit pas en cette union des gauches. « Notre opposition municipale s’était présentée en 2020 sous une forme de laboratoire du Nouveau Front populaire, dans lequel les socialistes, écologistes, communistes et le front de gauche s’étaient unis. Et que s’est-il produit une fois l’élection passée ? Cette alliance s’est dissoute avec l’explosion en plusieurs groupes de cette union qui n’était que de façade », souligne Pierre Esplugas-Labatut en faisant référence à Archipel Citoyen. Et selon lui, ce qui s’est passé au niveau local, se réalisera également au niveau national. « Je n’ose exclure que cela se passera de la même manière pour cette alliance du Nouveau Front populaire hétéroclite et honteuse puisque sur des sujets comme la laïcité, l’Ukraine, l’Europe, la souveraineté énergétique ou le nucléaire, les partis membres ne sont pas d’accord », relève-t-il.
Pour ce qui est de l’alliance, également dénoncée, entre Eric Ciotti, le président des Républicains, et le Rassemblement national, Pierre Esplugas-Labatut (LR) tient à mettre les choses au clair : « À l’annonce d’Eric Ciotti, les 11 élus Républicains de la majorité municipale ont publié un communiqué indiquant qu’ils se désolidarisaient de cette proposition d’alliance avec le Rassemblement national. Nous n’avons à aucun moment louvoyé par rapport au RN ». Face à tout cela, Marion Lalane-de Laubadère appelle plutôt à « un grand rassemblement de toutes les forces politiques républicaines de la droite, aux radicaux de gauche, en passant par les socialistes et les centristes », comme l’avait fait Jean-Luc Moudenc, le maire de Toulouse. « Les blocs LFI et RN ne sont pas une fatalité, nous pouvons tous nous unir face à ces deux extrêmes », conclut l’élue qui prend l’exemple de la majorité municipale au sein de laquelle les élus sont « unis dans la diversité ».
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