Les travaux de rénovation de l’église Notre-Dame-du-Taur à Toulouse battent leur plein. Un an et demi après le lancement du chantier, la Mairie a tenu à faire un point sur sa progression.
« Nous n’avons rien à envier à Notre-Dame-de-Paris ! », s’exclame Alain Lacoste. Il est le dirigeant de l’Atelier 32, un des deux ateliers de restauration en charge des travaux de l’église Notre-Dame-de-Taur. Ce chantier débuté en août 2023, dure depuis un an et demi désormais. L’occasion de faire un point sur l’avancée des travaux et les difficultés rencontrées.
La première était l’humidité. « Compte tenu de toutes les constructions autour et de la couche de goudron sous l’église, l’humidité ne pouvait s’échapper que par la brique », indique Inès Lagarrigue, conservatrice chargée du patrimoine. Ce sont presque « trois mètres d’humidité » qui ont été retirés avant de mettre en place l’isolation nécessaire pour éviter des entrées d’eau par le sol ou le toit.
La charpente a par ailleurs été séparée en deux parties afin d’éviter la propagation d’un incendie à travers toute la toiture, comme Notre-Dame-de-Paris en a été victime. Outre ces travaux structurels, des aménagements pour les personnes à mobilité réduite ont été réalisés.
Mais ce qui a demandé le plus de temps fastidieuse a été le nettoyage. Selon Alain Lacoste, « il a fallu des mois, en utilisant de l’eau chaude et des cotons-tiges pour enlever la pâte noire qui couvrait les décors et les peintures ». Cette crasse, qui assombrissait énormément l’église, arrachait également la peinture par endroits, laissant des traces blanches. Cependant, celles-ci n’ont pas été recouvertes par l’atelier de restauration. « La peinture est trop délabrée pour que nous puissions la restaurer sans empiéter sur l’œuvre originelle. C’est une question de déontologie, nous ne pouvons pas faire de restauration abusive », appuie le dirigeant de l’Atelier 32.
Toutefois, cette restauration permettra au public d’apprécier, à nouveau, le jeu de reflets entre l’enduit d’or présente sur la peinture et la lumière des vitraux. « Une rampe d’éclairage sera installée pour en profiter toute la journée », annonce Alain Lacoste. En ce qui concerne les vitraux, d’ailleurs, de nouveaux ont été mis en place durant les travaux. Ceux qui n’ont pas été changés datent d’une première campagne de restauration remontant aux années 1870.
Des campagnes de restauration qui ont parfois été sources de quelques surprises. « Il n’était pas rare de retrouver un décor du XIVe recouvert par des boisures », rapporte Alain Lacoste qui a donc dû opérer des changements au cas par cas, se basant sur ce qu’il pensait être l’intention originale des architectes et peintres. Alain Lacoste prend l’exemple d’un mur de briques qui a été construit dans les années 50 pour couvrir une des parties du chœur. « On l’a détruit afin d’exposer un tableau de la Vierge et du martyre de Saturnin », informe-t-il.
Les équipes en charge de la rénovation ont par ailleurs passé du temps sur la restauration de la chapelle dédiée à Saint-Anne. « Elle était dans un état déplorable. Plusieurs tableaux qui y étaient exposés sont en cours de restauration, un plus baroque et une paire d’œuvres datant du XVIIIe sur la naissance et la mort de la Vierge », détaille le dirigeant de l’Atelier 32.
Il reste donc encore quelques travaux à effectuer avant que l’église ne puisse rouvrir ses portes à la rentrée 2025. D’ailleurs, ils ne seront pas totalement finis : l’orgue surplombant la nef ne reviendra que vers la fin de l’année. Mais cela n’empêchera pas le public de redécouvrir cet édifice à la riche histoire. « L’église a été construite en trois grandes étapes : au XIVe, au XVe et au XIXe siècle », rappelle Céline Letellier, la directrice des grands projets à Toulouse.
Si la première a donné l’église que nous pouvons admirer aujourd’hui depuis la rue du Taur, la seconde est venue ajouter un chœur et des chapelles, et la troisième a consisté en un travail de décoration par Bernard Bénézet, un grand peintre de la Ville Rose. En plus de cela, plusieurs ajouts ont été faits, notamment une statue de la Vierge et de son enfant datant du XVIIIe. « Elle était placée à l’origine dans un oratoire aux orées de la ville. La statue servait à honorer les soldats à l’époque des guerres religieuses. C’est un objet majeur de l’histoire de Toulouse », souligne Céline Letellier.
Romain Deniaud
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