Les techniciens de laboratoire réclament une meilleure prise en compte de leurs diplômes et des revalorisations salariales. Le Journal Toulousain donne la parole à Jordan Pomarède, technicien de laboratoire au CHU de Toulouse. Tribune.
Avez-vous déjà fait une prise de sang ? Savez-vous ce que deviennent vos tubes ? Vos échantillons vont être traités dans le cadre d’une profession très peu connue : celle des techniciens de laboratoire. Ce corps de métier soignant joue un rôle essentiel dans le diagnostic médical (70% des diagnostics reposent sur les examens biologiques). D’autant plus durant cette période de crise sanitaire, avec la généralisation des tests PCR Covid-19. Pourtant, lors de la publication des accords du Ségur de la Santé, le 12 avril 2021, les techniciens de laboratoire ont été exclus des revalorisations de carrière des soignants. Alors que la majorité d’entre eux fonctionnent dans des services en 24h/24 7j/7, qu’ils sont soumis à des contraintes de compétences rigoureuses, imposées par le Cofrac. Alors que ce maillon essentiel du parcours de soin est toujours mobilisé et volontaire pour rendre dans les meilleurs délais possible un résultat fiable.
Il faut savoir que pour faire ce métier, il existe actuellement une dizaine de diplômes différents allant de bac +2 à bac +3 (BTS, IUT et DE). Une formation qui aborde de multiples domaines de compétence (hématologie, biochimie, bactériologie…), et dont la durée est trop courte pour ceux qui choisissent de suivre un BTS. Les jeunes techniciens ont un besoin de formation complémentaire sur le terrain avant de pouvoir tenir un poste en total autonomie. Lors des accords de Bologne en 1999 (accord européen pour l’homogénéité des diplômes), une ‘’réingénierie’’ du diplôme avait été promise et n’a toujours pas été réalisée.
Après la publication des accords du Ségur de la Santé, un sentiment de déception et de colère est né. Suite à cela, un rassemblement de tous les techniciens de France à été formé, par l’intermédiaire d’une page Facebook (rassemblement des techniciens de laboratoire hospitalier de France), qui s’est conclu par la décision de mener une grève le mardi 18 mai 2021. Après publication d’un préavis de grève national, nombreux sont les centres hospitaliers qui se sont joints, dans de grandes villes (Toulouse, Paris, Marseille…) pour manifester en masse et obtenir plus de visibilité. Leurs revendications : une revalorisation salariale, avec un passage en catégorie A et la ‘’réingénierie’’ de leur diplôme.
Coté Toulousain, ce sont tous les techniciens de la région Occitanie qui se sont rassemblés, au matin, place du Capitole, autour d’un laboratoire fictif. Le but était de sensibiliser le grand public à ce métier de l’ombre. L’après midi, un cortège de manifestants s’est rendu de la place du capitole à l’Hôtel dieu. Puis, une délégation à été reçu par la direction du CHU de Toulouse, afin de porter le message des techniciens à de plus hautes instances. La direction s’est engagée à rédiger un courrier au ministère pour avoir des réponses sur leur situation. Une semaine après cette mobilisation, des courriers venant du ministère leur sont parvenus leur indiquant le début du travail de ‘’réingénierie’’ de leur diplôme ainsi qu’un passage en catégorie A pour Janvier 2022.
Jordan Pomarède, technicien de laboratoire au CHU de Toulouse
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